21 janvier 2010, un succès qui en appelle d’autres
Amiens, le 21 01 10
Dans l’action aujourd’hui, et dans l’unité, les organisations syndicales CGT, FSU et Solidaires ont appelé à la mobilisation 5 millions de fonctionnaires dans le pays, 2 000 sur le département du Vaucluse et plus largement tous ceux qui sont attachés au service public.
Ils étaient 500 cet après midi à battre les pavés sur Amiens dont 250 territoriaux d'amiens-métropole.
Cette mobilisation entend condamner l’entreprise de démolition que le gouvernement et les forces libérales entreprennent contre les piliers de nos institutions et notre modèle social que constituent notre fonction publique, nos services publics.
Pourtant, après chaque catastrophe écologique, sociale ou économique comme la dernière crise financière, ou comme récemment en périodes de grandes intempéries, chacun semble redécouvrir le rôle de la puissance publique.
Malgré, l’opposition de certains syndicats, les fortes réticences des élus, le président de la République persiste et signe dans sa volonté de mettre en cause l’organisation démocratique de nos institutions territoriales.
Les réformes concernant les fonctions et entreprises publiques s’empilent et se ressemblent : recentralisation des pouvoirs et même du pouvoir, suppression drastiques de moyens et d’effectifs, telle est la marque de fabrique de ces réformes déjà très controversées.
Dès son accession au pouvoir, Nicolas Sarkozy, a mis en cause l’organisation institutionnelle de notre pays, héritage de notre histoire démocratique, avec ses 36 000 communes et autant de foyers démocratiques de proximité, ses 95 départements métropolitains et ses 22 régions. Dénonçant ce « mille feuilles » institutionnel, qui conduirait soit disant à « une perte d’efficacité pour l’action publique et pour les usagers des services publics », le président et sa majorité ont construit une rhétorique politique qui ne s’appuie sur aucune réalité tangible pour justifier leur volonté de tourner le dos au service public de proximité et donner une place prédominante à l’interventionnisme d’état. Toutes les associations d’élus, dans leur diversité politique, font observer que les collectivités assument 73% de l’investissement public dans notre pays démontrant, par la même, leur efficacité et leur rôle irremplaçable.
En favorisant le regroupement par le haut des collectivités territoriales , pour en finir avec la compétence générale des collectivités qui permet pourtant à celles-ci, de construire une politique en réponse aux attentes des citoyens, et imposer la prédominance des régions et des regroupements de communes, sur les départements, comme la création de nouvelles institutions territoriales que seraient les métropoles, le gouvernement organise la mainmise renforcée des puissances économiques et financières et le recul de la démocratie.
C’est donc bien d’une recentralisation de nos institutions locales dont il s’agit avec son corollaire d’éloignement des lieux de décisions des citoyens.
RGPP, réforme des collectivités, réforme des administrations territoriales d’État forment bien une cohérence qui met à mal le service public à la française et les structures républicaines démocratiques.
Tout comme le statut des salariés de la fonction publique qui en découle et qui est une des dernières garanties de l’unicité des services publics sur tout le territoire, lui aussi est dans le viseur de Nicolas Sarkozy. Le texte sur la mobilité en est un vibrant exemple.
Menée au pas de charge, cette réforme des collectivités, veut atteindre deux objectifs : le premier vise à diminuer le nombre des agents de la fonction publique, ce qui aura pour conséquence inévitable une réduction de ses missions, le second est un reprofilage de l’appareil d’État.
Elle est de ce fait une pièce de la révision générale des politiques publiques (RGPP), c’est une restructuration complète des missions publiques de l’État, à l’exemple de l’équipement, où l’on a transféré au privé les missions d’ingénierie ou de maîtrise d’ouvrage au profit des communes, susceptibles de rentrer dans le champ concurrentiel, ou encore le transfert de l’entretien des routes vers les départements.
Tout cela va répondre à un désengagement de l’État, une réduction de ses missions de service public. On retrouve également ce désengagement sous la forme du « partenariat public-privé », par exemple pour l’université, les prisons, les transports, dans ce cadre les préfets de région deviennent de véritables « gouverneurs ».
Le préfet de région aura autorité sur les préfets des départements et « nouera des relations directes avec les directions générales », c’est-à-dire le rectorat d’académie, la direction régionale des finances publiques (impôts et Trésor désormais fusionnés) et l’agence régionale de santé. Les nouvelles administrations départementales de l’État seront dépouillées de leur contenu.
Certaines structures départementales actuelles (travail, culture, environnement et sécurité industrielle) seront remplacées par des « unités territoriales de directions régionales ». Ainsi, la direction du travail sera fondue dans, la direction régionale des entreprises, de la concurrence et de la consommation, du travail et de l’emploi.
L’inspection du travail, qui a un rôle de contrôle, sera donc placée dans une direction dont la mission est le service aux entreprises.
Des possibilités pour la mettre en échec et faire prévaloir d’autres solutions semblent donc ouvertes en se mobilisant comme aujourd’hui. Des actions convergentes des salariés de la fonction publique, des élus et des citoyens peuvent voir le jour et ce 21 janvier n’est qu’une étape.
Les contradictions sont aujourd’hui très fortes.
Les salariés de la fonction publique territoriale par exemple se plaignent souvent que les élus, sous la pression des restrictions financières, préfèrent recruter des salariés hors statut pour mener les missions de service public.
L’urgence de la riposte à la réforme menée par Nicolas Sarkozy est donc nécessaire, l’exemple du rassemblement créé autour de La Poste peut ouvrir le chemin à des actions communes, et c’est tous ensemble que nous y parviendrons et c’est aussi le message qu’une délégation unitaire a porté auprès du préfet après la manifestation de cet après midi à Amiens.
Partout amplifions la mobilisation avec le plus grand nombre de salariés, d’usagers, de citoyens pour garantir à notre pays un véritable service public à la hauteur des besoins de chacun.
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